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 Festival de Seloncourt - Extra - N° 12 - novembre 1971








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Seloncourt : A ce nom est maintenant indissociable celui de Festival.

Si vous n'y étiez pas, vous avez certainement entendu ou lu qu'un grand festival, organisé par Jean-Claude Rognant s'y déroulait les 18 et 19 septembre. Quelques surprises au programme puisque bon nombre de musiciens anglais se sont désistés.

Seloncourt, petite bourgade du Doubs (6.000 habitants), près de Montbéliard.

Le site : une grande salle dite «Omnisport», de construction assez ancienne (qu'importé), devant une grande place servant de parking et, à côté, un terrain aménagé en camping.

Samedi 15 h. Heure d'ouverture du 4e festival de pop musique de Seloncourt.

Déjà un millier de personnes sont assises dans la salle pour assister aux éliminatoires du concours de groupes amateurs. Parmi les dix formations à s'être présentées, quatre furent sélectionnées pour le lendemain :

Iris, Théorème, Hopeful, Psychose.

A 20 h, deux chanteurs de folk viennent à point. Après plusieurs heures de musique fortement amplifiée, il est agréable d'entendre le son d'une guitare sèche.

A 21 h un groupe français fort attendu : Ange. Pete Brown tient à les présenter lui-même, « Bonjour, tout à l'heure Robert Wyatt et moi viendrons jouer un petit morceau, mais maintenant je laisse la place à mes amis français : Ange ».

D'emblée, le public est conquis par « Le vieux de la montagne » puis « Dame Nation », deux compositions récentes. Christian quitte son orgue pour un tambourin et un micro. Son jeu de scène fait un peu penser à Roger Chap-man (Family). Une heure en leur compagnie passe vite. Ils sont rappelés par le public et remontent sur scène pour glorifier un ami à eux et c'est « Ballade pour un juteux ». Depuis maintenant trois mois que ce groupe est professionnel, on constate une très nette évolution, 6 h de répétition par jour, cela se voit et s'entend.

A 22 h 30, Jenghiz Khan venant de Belgique, passent à leur tour. Ils font une musique hard et leurs titres sont ceux gravés sur leur premier album « Well Cut ». Le soliste, également chanteur, possède une voix puissante et très aiguë. Il fut musicien de Vince Taylor, on s'en rend d'ailleurs compte car sur scène, il joue jambes écartées et tremblantes en se penchant. Ils ont été très surpris par le public français qui resta très calme durant le temps où ils installaient leur matériel. C'est leur premier passage en France et ils nous connaissaient seulement d'après nos dignes représentants (public à Wight) de l'année dernière.

Il est 1 h, le dimanche matin, après une longue attente, due à l'installation de leur matériel, le premier groupe anglais Stray commence à jouer. Leur musique (hard rock) manque de diversité. Par contre, c'est un bon spectacle visuel (jeu de lumière, feu de poudre, bombe projetant des papiers, nuage de fumée). Leur répertoire est formé de leur 33 tours « Suicide ».

Un trio anglais leur succède : Bachdenkel. Leurs compositions sont originales et parfois violentes, mais ils ne semblent pas exploiter toutes leurs possibilités. Le son de la guitare s'identifie parfois à celui de l'orgue ou de la flûte.

4 h 30, Pete Brown et Robert Wyatt (Ex-Soft Machine) n'ont pas de problèmes de matériel puisqu'ils utilisent seulement une batterie et les bongos de Pete. Ils se lancent durant vingt minutes dans une improvisation de percussions jamais lassantes. Ils sont fort appréciés.

Deux musiciens de grand talent.

Avec eux, se termine le premier jour de ce festival. Pour le lendemain ou plutôt pour ce soir, il est 5 h du matin, est annoncé Soft Machine, première formule.

Dimanche 19 septembre, 15 h.

Finale du concours. Les quatre sélectionnés doivent jouer une demi-heure.

Iris de Montbéliard se classe premier. Rien de surprenant, étant donné leurs qualités musicales. Les vocaux sont jolis et bien en place Les compositions originales sont chantées en français.

Psychose venant de Paris prend la deuxième place. Ils possèdent également un répertoire personnel, anglais et français. Leur musique est hard rock et quelquefois, ils y incorporent un sax.

'Hopeful de Maçon se place en troisième position. Ils interprètent des morceaux de T.V.A. (Sweet Little 16 - Bad Scene) Jimi Hendrix. Grand Funk et Black Sabbath. Leurs interprétations n'ont rien à envier aux versions originales.

Théorème, Saint-Louis (Rhin). Ils ont composé un opéra pop : « la comédie humaine » dont ils extraient plusieurs morceaux chantés en anglais. Les titres traduits sont : Nombril, La route du vin (ils ne sont pas Alsaciens pour rien) et Maison.

A 18 h un groupe surtout connu dans l'Est : Le Point.

Trio composé d'un orgue, basse et batterie. Leur musique s'apparente à Nice dont ils ont été longtemps de fidèles interprètes, ainsi que du Soft. De bons musiciens qui, malgré leurs nombreuses tournées M.J.C., sont méconnus, dommage ! Ils composent tout leur répertoire et les vocaux sont en français.

19 h 30 - Kleptomania Un excellent groupe belge. Ils définissent leur musique comme étant du « rock un peu acide». Peut-être le meilleur groupe belge du festival. Ils portent bien leur nom, car la première chose qu'ils ont faite en arrivant sur scène, c'est de prendre le micro du présentateur, il leur en manquait un.

Le groupe suivant, belge également : Lagger Blues Machine. Malgré leur nom, ils ne font pas de blues, mais une musique de recherche avec pour base le classique. Cette influence vient de l'organiste. Leur musique est bien différente du commercial que nous connaissons des Wallace Collection. La Belgique a, elle aussi, une musique que nous gagnerions à connaître.

Pete Brown, fortement applaudi, vint lui-même présenter de vieux amis, son cheval de guerre : War Horse.

Ce groupe est formé d'un chanteur, un soliste, un organiste, un bassiste et un batteur. Un très bon groupe faisant une musique simple, sans grosses surprises, mais très «rentre dedans». Ils interprètent plusieurs rocks. Le batteur a un jeu très rapide et jongle avec ses baguettes. Leur concert se termine dans un délire de sons et l'orgue d'abord bousculé se retrouve couché.

Le groupe suivant est une bonne surprise, puisqu'il n'avait pas été annoncé : Daevid Allen Gong.

Après une heure d'installation du matériel imposant de ce groupe, il est 0 h 30, lorsqu'il commence à jouer. Gong c'est : Daevid Allen (guitare, chant), Christian Iritsch (basse), Pip Pyle (batterie), Didier Malherbe (flûte, sax et soprano), Gilli Smyth (vocal).

Gilli possède parfois les intonations de Janis Joplin. Leur musique ? Ah oui ! Elle semble, par moments, tirée du folklore breton et presque sautillante (ayez un peu d'imagination), parfois elle semble s'apparenter à Pink Floyd par la recherche et les sons, aucune concession commerciale et très élaborée.

Il est 1 h 30, dans une demi-heure, le festival doit prendre fin.
Pour terminer un festival, rien de mieux qu'un vache de bœuf. Mais vraiment un super-bœuf avec la participation de Gong au complet, auquel se joignent Kevin Avers à la guitare solo et au vocal, Robert Wyatt donne un coup de main au batteur de Gong (à deux sur une double batterie, c'est logique), Pete Brown aux percussions, le batteur de War Horse au tambourin et vocal. Pendant une demi-heure c'est quelque chose «d'EXTRA». Ils improvisent sur la base d'un morceau du deuxième album de Soft. Le public qui somnolait est debout et tape dans ses mains. C'est ainsi que se termine le festival.

Ah! Un gars qui dit être venu spécialement de Paname veut nous faire entendre ses « chansons très engagées ».

Bon ! Branche-lui un micro, mais cinq minutes seulement, après on démonte.

Les groupes ayant eu le plus de succès pour le samedi, furent Ange, Genghiz Khan et le dimanche Kleptomania, Lagger Blues Machine, War Horse, Gong et surtout le bœuf de clôture. Trois mille personnes assistaient à cette grande fête et aucun incident n'est survenu. Cela vous dit quelque chose?

Guy Stoefler
Photos : D. Cazenave






       
     
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