The Peel Sessions
1987

Robert Wyatt

   
 


 
TELERAMA.FR - 19 septembre 2012

Robert Wyatt, bis pour l’abyssale “Sea Song” -

Les disques rayés, le blog musique de François Gorin

François Gorin

 

Chez John Peel, l'arsenal de Robert Wyatt se réduit à un piano et un orgue. Plus des effets filtrant la voix. L'hymne perd en pouvoir submergeant, gagne en puissance brute. Cela crée des passages où la beauté du morceau se risque à la dissonnance. Aux frottements, aux cadences pas très caressantes. L'absence de décorum oblige à se concentrer sur le personnage, qui lui ne cesse de jouer une partition littéralement folle entre absence et présence. L'étrange crudité de ses mots éclate au jour : partly fish, partly porpoise, partly baby sperm whale… you're terrific when you're drunk… you're a seasonal beast… Le tout nimbé du bel accent de Cambridge. Quand on se croit abandonné aux vagues des claviers, un vrai chant d'amour vient conclure : your lunacy fits neatly with my own… Puis commence (à 5'30 dans cette version) l'inouï, voix déformée, redoublée, fondue sans paroles aux instruments, cherchant l'air ou quelque chose de plus rare, psalmodiant sans fin (du moins le voudrait-on), touchant le même graal qu'un Surf's up, coupant son élan pour céder au pas d'un métronome. Il faut rappeler l'admiration fanatique de Wyatt pour les Double Six et leurs vocalises échafaudées. A lui seul il ne pouvait faire une chorale. Mais il essayait. Ça reste effrayant et sublime.




 
       

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