Peu d'artistes à ma connaissance font l'objet - alors même qu'ils sont encore en activité - de tant de marques de reconnaissance de la part de leurs pairs...
C'est pourtant le cas de Robert Wyatt dont je relève régulièrement les hommages qui lui sont adressés par le biais d'un Tribute, d'un titre de morceau ou d'une mention sur un album.
Quelques exemples qui s'enrichiront au fil de mes découvertes et de celles des internautes qui voudront bien me les signaler...
Tout d'abord les Tribute qui proposent une relecture parfois piquante des morceaux originaux...
On peut mentionner les principaux projets suivants:
La dédicace à Robert Wyatt peut porter sur un album complet ou sur un morceau seulement. Quelques exemples...
Wild Grass II (For Robert Wyatt) : le bel hommage de Arp & Anthony Moore
Aquaserge
Parlami
Song For Robert by Daevid Allen and Kramer (Who's Afraid - 1992)
Alternate (Poem for Robert Wyatt) - Richard Gorman (2017)
Folly Bololey - North Sea Radio Orchestra
et aussi "Poems to Pop Stars" en 2004 dans Daevid Alien Playbax (Disk 1)...
Nouvelles - Jean-Marc Foussat
Mary Halvorson's Code Girl
Dédicace à RW du morceau Whyitiso de Robert Iolini sur l'album Iolini paru en 2000.
Another Day On Earth - Brian Eno
Hommage à Roberto Viatti
(notre RW)
sur toutes les éditions du 1er album de Picchio Dal Pozzo
paru en 1976.
Il est aussi une autre sorte d'hommage que nous pourrions appeler "en abîme".
Le plus saisissant est celui d'Elisabeth Fraser qui reprend le magnifique At Last I Am Free a mi-chemin entre la reprise de Robert Wyatt et la version originale de Chic (sorti en 1978).
Elisabeth Fraser - At Last I Am Free (2003)
Robert Wyatt - At Last I Am Free (1980)
At Last I Am Free - Chic (1978)
Erik Truffaz a rendu explicitement hommage à Robert Wyatt en 2008 avec Mr Wyatt dans lequel voix et trompette invoquent brillamment l'esprit du sublime Little Red Riding Hood Hit The Road.
Mr Wyatt in Paris - Erik Truffaz (2008)
Remerciement à Robert Wyatt dans l'album SeaSong(e)s. du quartet Tocanne-Domancich-Läng et Gaudillat, paru en septembre 2017.
Comme le titre de l'album l'indique, cet album est un hommage explicite à l'univers de Rock Bottom et contient une reprise de Sea Song.
Pascal Comelade est un admirateur inconditionnel de Robert Wyatt qu'il cite dans chacune de ses interviews et dont il proposera des reprises facétieuses tout au long de sa carrière : Bel Canto, El Primitivismo, Impressionnismes, Haïkus De Pianos...
En 2000, une reprise par Robert Wyatt et Pascal Comelade de l'indémodable September Song de Weill/Anderson concrétise cette admiration sans réserve.
Mais Robert Wyatt est "présent" dès les premiers enregistrements de PC sous la forme d'évocations sonores qui semblent prolonger le 1er album solo The End Of An Ear.
Citons Barcelona Tango, Good-Bye Wyatt Hat, Wyatt Ah Um... tous réédités en 2014 dans le coffret My Degeneration Electronics 1974-1983.
Dans Good Bye Wyatt Hat et Wyatt Ah Um il rend non seulement hommage à l'univers sonore de Robert Wyatt, mais fait aussi un double clin d'oeil à Charles Mingus et à l'album Ah Um et le morceau Goodbye Pork Pie Hat. Charlie Mingus que Robert Wyatt ne manque jamais d'évoquer lorsqu'on l'interroge sur ses principales influences musicales.
In A Lebanon Park in Sentimientos - Pascal Comelade (1982)
Wyatt Ah Um in Sentimientos - Pascal Comelade (1982)
Mais plus fort encore, l'hommage à l'hommage: dans son album Rendez-vous, Satsuki Shibano reprend de belle manière Wyatt Ah Um de Pascal Comelade (cf. ci-dessus), lui-même prolongement éthéré de To Carla Marsha And Caroline For Making Everything Beautifuller (The End Of An Ear).
Wyatt Ah Um in Rendez-Vous - Satsuki Shibano (1991)
En 2018, le groupe norvégien Needlepoint sort The Diary Of Robert Reverie, un album dont la référence tant musicale que graphique au Rock Bottom de Robert Wyatt est rien moins que subliminale...
Gil Pistil rend hommage à Robert Wyatt de la manière la plus élégante. Il compose un morceau à la manière de : he touched my soul, so today Robert, I sing my song for you...
Mais si je devais ne retenir qu'un musicien parmi tous ceux qui citent Robert Wyatt parmi leurs influences majeures, je choisirais Benoît Burello alias BED pour l'ensemble de son oeuvre (admirable):
Les références du vieux garçon, en ce domaine, sont William-Carlos Williams et Walt Whitman, pour le parler anglais, préféré au français, que Burello voit confiné à l'écrit. En matière musicale, Benjamin Britten pour ses Suites pour violoncelle et «son homosexualité à l'époque...»; mais surtout inépuisablement, Robert Wyatt, le doloriste pataphysicien de Soft Machine, paralysé en plein trip coco psychédélique.
Bayon in Libération - 31 mars 2001.
Moonlight in The Newton Plum - BED (2001)
Je ne peux terminer cette rubrique sur les hommages à Robert Wyatt sans mentionner "l'Affaire Guy Pedersen" !
Si je me souviens bien, elle surgit brutalement sur Kazaa (les anciens me suivront) sous la forme d'un fichier mp3 anonyme accompagné d'un message laissant entendre qu'il s'agit très vraisemblablement d'un inédit de Robert Wyatt...
Le réseau s'agite, la rumeur va bon train, des courageux prennent parti pour ou contre cette révélation. Une écoute à peine sérieuse ne laisse pourtant aucun doute mais il est vrai qu'on retrouve dans ce morceau quelques archétypes sonores qui ne sont peut-être que d'amicales citations...
Après quelques recherches plus approfondies, le mystère est levé : il s'agit d'un morceau de l'album vinyl " Maxi-Music" de Guy Pedersen paru en 1972 chez Télé Music..... la kazaasphère respire !
Track B2 : Petit Moujik De Nuit
Guy Pedersen - Maxi-Music