Whatevershebringswesing
1972

Kevin Ayers

   
 


 
BEST OF CROSSROADS- 1969-1972 -108 albums essentiels - août 2009

KEVIN AYERS Whatevershebrîngswesing (Harvest)

Tony Grieco

 

Cet artiste est sans doute l'un des plus sous-estimés du rock et ses confluents, d'abord par l'ingratitude d'un public infidèle et volage, mais peut-être aussi à cause d'un certain dilettantisme sciemment cultivé par l'individu. Pourtant, son profil artistique est plutôt « king size », notamment concernant l'écriture et la maîtrise du double sens. Kevin Ayers se fait connaître en tant que bassiste de la première mouture du groupe branché Soft Machine.







Il ne se contente surtout pas de ce rôle relativement secondaire dans un groupe, quoique son approche de l'instrument soit très original, car il compose une large part du répertoire et, en compagnie du charismatique Robert Wyatt, donne ce côté « pata-physique » joyeusement déconneur au groupe. Se sentant plus pop que jazz, c'est au cours d'une éreintante tournée US qu'il décide de voler de ses propres ailes et lâcher le navire. Finalement assez prolifique pour un roi fainéant, Kevin Ayers signe ici son troisième album sous son propre nom. On peut y entendre un sympathique simili tube avec « Stranger in blue suède shoes » et le reste de l'album qui oscille entre la pop innocente et la recherche raffinée. C'est la nonchalance vocale de Kevin qui guide le son de l'ensemble et qui sera un peu sa marque de fabrique pour tous ses projets à venir. Malgré une certaine confidentialité, commercialement parlant, l'artiste touche un public concerné qui l'aime et le suit dans de nombreux concerts sur le territoire européen. Pas du tout prophète en son pays, l'Angleterre, qu'il fuit pour s'installer à Ibiza, au paradis hippie, Kevin Ayers se taille une solide réputation en France, où on l'associe encore à Soft Machine ; c'est comme ça, que voulez-vous, la colle qui fixe les étiquettes est souvent de première qualité... Cet album attachant, qui en annonce d'autres qui le seront tout autant, recèle aussi le charme de révéler un petit guitariste méconnu du nom de Mike Oldfield, qui peu de temps après deviendra connu, très connu... Vous aurez aussi le plaisir d'entendre David Bedford aux claviers, le saxophoniste Français Didier Malherbe chipé au Gong de Daevid Allen (ex-Soft Machine itou) et le gentil copain Robert Wyatt venu poser sa voix sur les chœurs. Resitué dans le contexte, l'album qui synthétise bien l'esprit post sixties, s'écoute encore fort agréablement, contrairement à d'autres... albums... de la même période...



 
       

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