What More Can I Say...
2008

Kevin Ayers

   
 


 
REVUE & CORRIGÉE - n° 81 - Septembre 2009

Kevin Ayers - "What More Can I Say..." -
Reel Recordings RR009 - Dist. Orkhêstra


Kevin Ayers & The Whole World - "Hyde Park Free Concert 1970"
Reel Recordings RR002 - Dist. Orkhêstra


Pierre Durr

 




S'il apparaît quelquefois justifié de rééditer des albums méconnus à l'époque de leur enregistrement, voire de rendre témoignage d'un aspect de la création des décennies passées qui n'eut pas l'heur de susciter une édition à l'époque, on se demande toutefois (c'est en partie souligné dans l'éditorial d'un précédent numéro de R&C) pourquoi il y a pléthore d'éditions de live ou de bandes inédites (en version alternative souvent des enregistrements officiels) consacrées à des musiciens et des formations des années 70 ou 80. Focaliser l'attention des mélomanes sur ces enregistrements, c'est aussi en partie, surtout en ces temps de restrictions des budgets consacrés aux loisirs, les détourner de la création contemporaine.

En même temps, et il y a certainement un brin, sinon un bouquet entier, de nostalgie pour une musique - pas forcément en elle-même - associée à des années de jeunesse (voire d'insouciance) dans l'intérêt qu'on peut y porter. D'autant plus lorsqu'on peut les associer à la naissance d'une forme de militantisme pour ces musiques. Et ces formations et musiciens, encore actifs - parmi lesquels on comptera bien sûr les deux coffrets live de Henry Cow* - que sont Kevin AYERS et UNIVERS ZÉRO y tiennent un rôle majeur. Le premier en tant que chaînon (le plus pop ?) de l'école de Canterbury, les belges comme tenants de la scène Rock In Opposition belge. Les deux enregistrements de Kevin AYERS sont un peu complémentaires. Le premier, capté lors d'un concert gratuit à Hyde Park (Edgar Broughton Band et Pink Floyd s'y produisirent le même jour!) est intéressant car le Whole World y apparaît davantage comme une entité et non comme un groupe de musiciens accompagnant un chanteur. Son line-up est assez proche de l'album "Shooting At The Moon": David Bedford aux claviers, Mike Oldfield à la basse, Loi Coxhill aux saxophones, Robert Wyatt (et non Mick Fincher) à la batterie, et bien sûr Kevin AYERS à la guitare ; la plupart des titres sont d'ailleurs empruntés à cet album, auxquels se rajoutent deux classiques de Soft Machine, "Dit It Again" et "Why Are You Sleeping". Ce live offre par ailleurs des prolongements improvisés à certaines pièces, permettant aux divers musiciens du Whole World de sortir des schémas inhérents au studio, valorisant aussi bien Lol Coxhill que Mike Oldfield, pas encore "tubularisé". "What More Can I Say... " présente une facette plus intimiste de Kevin AYERS : il y officie seul sur quatre des sept titres (Robert Wyatt, David Bedford, Mike Oldfield, Archie Legget ou Eddie Sparrow apparaissent toutefois sur les trois autres!). Il permet de mettre davantage l'accent sur le chant, plutôt nonchalant dans un enregistrement plus proche d'une démo ou d'une gestation présentée à une amie ("Lady June") que d'un album construit. Cela le rend toutefois attachant.




 
       

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