Dondestan
1991

Robert Wyatt

   
 


 
CANTERBURY NACHRICHTEN - N° 14 - Oktober 1991

Robert Wyatt - Dondestan
(CD W BKL & lyrics) 91 D Rough Trade RTD 101-1234-2
 



Es (er) ist schon irgendwie ein Phänomen: jahrelang läßt er nichts von sich hören, außer ein paar, von seinen Fans gierig aufgenommenen, Gastauftritten bei exzellenten Musikern, verkündet regelmäßig, nicht mehr ins Studio gehen zu wollen, dann kommt, wie aus heiterem Himmel, eine neue Platte und er ist plötzlich in aller Munde. MELODY MAKER, NEW MUSICAL EXPRESS, VOX, SPEX und viele andere Musikzeitungen überschlagen sich förmlich, ihn und seine Platte vorzustellen, bringen lange Interviews, küren "DONDESTAN" zur Platte des Monats (verdientermaßen natürlich), der WDR widmet ihm und der Platte eine ganze Stunde, im November gibt's noch mal eine, diesmal über seine Beziehung zum Jazz. Erstaunlich diese Aufmerksamkeit für jemanden, der die "Regeln" des Musikgeschäftes permanent mißachtet hat, unbequem war im englischen Hurra-Patriotismus des Falklandkrieges und mit "Shipbuilding" und seinem Rollstuhl in die Hitparaden fuhr (was ihm 1974 von der BBC noch verwehrt wurde), aus politischer Überzeugung den Wirtschaftsriesen Virgin verließ und sich dem Abenteuer Rough Trade anschloß, der über Lynchjustiz, Rassenhaß, Apartheit, politische Willkür singt, Discohits und Jubellleder auf Stalin covert und bei alldem, und das ist das erstaunlichste dabei, tatsächlich gehört wird. Es gibt zuwenige von seiner Art, das ist schon mal klar ...

Sechs Jahre sind vergangen seit seiner letzten Solo-Platte "Old rotten hat", ungeachtet ihrer Qualität, war sie schon recht schwer verdaulich, etwas melancholisch in ihrem Ausdruck ist es keine Platte, die man "mal eben so" hören kann. Zwar gilt das auch für "Dondestan", aber die ganze Stimmung dieser neuesten Platte ist anders, sehr viel freier - befreiter -, gefüllt mit Optisimismus und einem besonderen Humor, mit einem speziellen Sinn für das kleine, alltägliche und dessen Bedeutung für unser Leben. "The sight of the wind" zum Beispiel, eins der schönsten Lieder auf dieser Platte, beschreibt einen Tag am menschenleeren Strand an der spanischen Küste. Zwar ist der Mensch durch seine Hinterlassenschaften (= Müll: Plastiktüte, alte Zeltungen) allgegenwärtig, aber die scheinbar toten Gegenstände entwickeln ihr eigenes Leben (ein totes Blatt kratzt eine eilige Botschaft in Sanskrit in den Sand, bevor es auf einer munteren Bö davonfährt): ein Tag für den Müll zu tanzen. Ein wunderbares, ungewöhnliches Gedicht von Alfreda BENGE (die auch weitere Texte beigesteuert hat), behutsam musikalisch umgesetzt von Robert WYATT. Seine besondere Art des Keyboardspielens, die langgezogenen, schwellenden Töne, schaffen die eigenartige Atmosphäre eines scheinbar leblosen Strandtages, die Singstimme folgt dem umherfliegenden Blatt, lautmalerisch von den windigen Hintergrundstimmen auf die Reise geschickt, mit einzelnen Pianotönen und dem allgegenwärtigen Wind erstirbt das Lied langsam: die Fusspuren des Vortages werden verweht, niemand ist zu sehen, noch nicht mal die Hunde ... Ob da nun die "Katholische Architektur" oder zwei Nonnen am Strand beschrieben werden, ob im schnellen "Shrinkrap", die harte Arbeit beschrieben wird, sein wirkliches Ich aus der Schale zu lösen, dies alles ist verbunden mit einer erfrischenden, spitzfindigen Gelassenheit, die Spaß macht. Auch eindeutig politische Stellungnahme ist hier vertreten: über das ungleiche (Macht-)Verhältnis zwischen dem Norden und dem Süden, über Privatisierungswahn (der hier bis zum Exzess getrieben wird: warum nicht die Armee, die Polizei, die königliche Familie, gar das Meer und den Wind privatisieren), über Flüchtlinge, über Palästina. Bis auf den Song "Lisp Service" (Melodie von Hugh HOPPER) hat sich WYATT die Musik selbst geschrieben (und vollkommen "solo" eingespielt), was die beste Garantie dafür ist, daß seine unverwechselbare Stimme sich voll entfalten kann. Genüßlich ausgekostet wird dies bei "N.I.O.", das sich, zuerst ungeordnet (spanische Wortfetzen und Sätze fliegen umher, Pianoakkorde hauen dazwischen), erst langsam findet, dann aber schnell von dem Gesang beherrscht wird, einzelne Worte werden langgezogen wie ganze Sätze (in der Tat kommt "N.I.O." bei 6 1/2 Minuten Dauer mit weniger als 60 Worten aus). Hier ist man dankbar, daß die Texte abgedruckt sind. Besonders gelungen ist wie "N.I.O." übergangslos in den Titelsong "Dondestan" hinüberwächst (durch ein paar Trommelschläge vorangekündigt), der doch, von der Melodie her fast wie ein Kinderlied anmutend, so ganz anders klingt, und wie schließlich "Dondestan" sich zum Ende hin wieder in das Thema von "N.I.O." auflöst. Platten von dieser Art, gibt es zu wenige, das ist auch klar...





 
LA VOIX DU NORD

Robert Wyatt : l'humour et la mélancolie
 

Snobé par les jazzmen effarouchés par la dégaine et la chevelure hirsute de ses musiciens, incompris des amateurs de pop rebutés par l'hermétisme de sa musique, Soft Machine, avec ses sonorités élégantes empruntées au jazz et ses rythmes simples et dépouillés issus du rock, fut un des groupes les plus cruciaux de la période folle des années 65-70. Robert Wyatt fut son batteur ailé et sa voix. En 72, il fonda le groupe Matching Mole, instrument idéal pour inventer de nouvelles mixtures musicales iconoclastes, puis le drame survint. Au cours d'une « party » planante et arrosée, Wyatt passa par la fenêtre et tomba du quatrième étage. Paraplégique, il allait devoir tout revoir, tout reprendre à zéro. Retour au premier plan en 74 avec le grand album « Rock bottom » et succès dans les « charts » avec une reprise de « l'm a believer » de Neil Diamond. Le disque suivant, « Ruth is stranger than Richard » tient aussi la rampe et réjouit ses admirateurs. Puis il se réfugie dans un long silence entre 74 et 80. Dérives politiques au début des années 80 et enregistrement d'une série de chansons militantes parmi lesquelles « Stalin' wasn't Stalin » (Staline n'était pas un rigolo) interprété auparavant par le Golden Gate. En 85 « Old rotten hat » permet d'entendre ses premières compositions originales depuis longtemps. Wyatt coupe à nouveau la communication pendant six ans et ne nous redonne que récemment de ses nouvelles avec ce « Dondestan » qui vient confirmer tout le bien qu'on pouvait penser de lui. Un penchant immodéré pour la mélancolie, parfois de l'humour à propos des discours opportunistes des politiciens du P.C (C.P jeebies) ou du racket de la médecine (Shinkrap), un respect affiché pour les poésies impressionnistes de son épouse Alfie, vont de pair avec les musiques qui peuvent évoquer des paysages grandioses et imaginaires. Loin d'avoir le goût amer du passé, « Dondestan » s'inscrit en dehors du temps, en dehors des modes, oeuvre originale de beauté sereine, elle ne décevra pas les fidèles de Wyatt.
(Rough Trade/Virgin)




 
LES INROCKS - 26 septembre 1991

Robert Wyatt : Dondestan

Christophe Conte
 

Coquin de sort ! Scélérate ironie ! Ce nouvel album de Robert Wyatt nous parvient le jour même où Gorby décide l’abandon de la lutte des classes, éparpillant ainsi, façon puzzle, l’un des derniers dogmes marxistes aux quatre coins de l’ex-empire des tsars. Pauvre Robert, pour lui qui ne publie plus qu’un album par plan quinquennal, ces quelques années écoulées depuis le précédent, Old rotten hat, doivent avoir un sérieux arrière-goût de désillusion. Le rouge n’excite guère plus que les taureaux et les ennemis d’hier ont revêtu des habits respectables, Mandela est libre, l’apartheid décomposé et l’Angleterre a troqué sa vieille sorcière contre John Major aux allures de gentleman. Quant à la guerre du Golfe, elle a réduit en peau de chagrin les derniers fantasmes égalitaires de l’utopie tiers-mondiste. Diable ! Que reste-t-il au vieux militant comme juste combat à mener ? Réponse ici avec Dondestan, en français où sont-ils ??, qui pose le problème des apatrides. Une façon comme une autre de ne plus s’engager aux côtés d’une doctrine incertaine en optant pour une cause aussi consensuelle qu’insoluble dans un avenir proche. Et puis, au-delà, il reste les chansons, ces mélopées fluides qui percent le palpitant des uns et brisent les nerfs des autres. Dès le premier titre, l’ex-Soft Machine déstabilise son petit monde en le plongeant dans le labyrinthe d’une rythmique à mettre hors d’usage le plus performant des pace-makers. Tout l’art de Wyatt réside dans cette fameuse résistance aux codes préétablis, sans courir derrière une prétendue modernité, à l’instar de bon nombre de ses contemporains mais uniquement par nécessité émotionnelle. Comme celles de son vieux complice Kevin Ayers ou comme chez le Van Morrison d’Astral week, les compositions de Robert Wyatt se situent hors des limites du palpable et seuls les funambules et les astronautes maîtrisent avec un tel bonheur les lois de l’équilibre. On aura beau se référer au jazz et à sa noblesse pour quadriller une œuvre trop ambitieuse pour notre quotidien futile du rock. Ou bien au chant des sirènes car nul ne sait à quoi il ressemble. En vain, c’est de vertige dont il s’agit ici. Ce vertige qui l’a cloué dans un fauteuil roulant, Wyatt ne cesse depuis de le provoquer, de lui faire payer sa dette pour une vie brisée. La musique ici n’est qu’un prétexte et on ne peut qu’en admirer la beauté extérieure, la coquille. Le cœur, et par conséquent la plus grosse part de vérité, reste pour nous désespérement impénétrable.



 
GUITARES & CLAVIERS - Octobre 1991 - N° 123

Robert Wyatt : Dondestan

Nicolas Ungemuth
 

Dix-sept ans après « Rock Bottom », Robert Wyatt sort enfin son quatrième album solo. A la première note du premier morceau, à la première écoute, on sait déjà que c'est lui. Ce chant qui joue comme un instrument à vent, ces claviers apparaissant comme une brume et s'évanouissant brusquement, c'est Robert Wyatt de retour. « Dondestan », du début à la fin, est un pur chef-d'œuvre. Un disque qui traumatisera à vie les pseudos gourous du nouvel âge et les petits banquiers qui s'encanaillent le samedi soir en écoutant de la musique mondiale avant de s'inscrire au Paris Dakar. Pas d'étiquette viable pour « Dondestan ». Juste la beauté faite musique. De longues dérives construites comme des mirages, et des textes (de la femme de Wyatt, la Alfie de « Rock Bottom ») d'une simplicité désarmante mais à la beauté primitive essentielle. « Dondestan », c'est le génie de « Rock Bottom », la sérénité en plus et la mort en moins. Un disque capital qui nous assure encore au moins dix-sept ans de surprises intarissables.



 
THE WIRE - September 1991 - Issue 91

Robert Wyatt : Dondestan (wire winner: unprivatised pop)

Jonathan Coe
 

ONE OF the most heartening things about Wyatt's  work   is   its  sense  of continuity, however sporadic his album releases might have been over the last 15 years. The soundscape of Dondestan is instantly recognisable: the layers of rippling, droning keyboards, the complex percussive effects achieved with a minimum of fuss, and above all (literally) that fabulous voice. Tentative but commanding, fragile but resolute: one of the greatest voices in British music.

Continuity need not mean repetition, of course, and this album finds Wyatt charting out new territory as well as revisiting the old. "Shrink Rap" takes us back to the cheerful experimentations of Ruth Is Stranger Than Richard, with stomping, dissonant piano lines and some verbal rhythms which recall Dury's "Reasons To Be Cheerful" rather than Public Enemy. The other songs on side two mine Old Rottenhat's vein of politicised lyricism: simple chord progressions over which the melody lines wander and spiral and soar, their mixture of passion and quirkiness ruling out any question of ideological inflexibility (also kept at bay by the characteristic self-deprecatory tone of the lyrics).

The rest of the album features settings of verse written by Wyatt's wife, Alfie. We already know from his record sleeves what a good painter she is; it now also transpires that, as a poet, she has a real gift for evoking physical detail in a language which is both inventive and unpretentious: "We could hear it before the shutters were open/The wind on the beach/Then we found miniatures and dunes/On the concrete of the balcony/And a dead leaf zigzagging/Scratching an urgent message in sandscript/Before hitching a ride on a frisky gust" ("The Sight Of The Wind").

The combination of these different sensibilities might have made for a patchy and disjointed album, but instead the two strands fruitfully interweave and fold in upon each other. The polemic of Wyatt's "CPGB's", for instance, which could easily have seemed like too-obvious sarcasm ("Privatise the sea/Privatise the wind . . . Don't waste good air/Breathing isn't paying its way") acquires resonance and vitality from the heartfelt celebrations of the natural world which have preceded it. In fact the assurance with which this whole record conflates steely intelligence with honest-to-goodness musical pleasure proves beyond doubt that Wyatt is losing none of his edge. Seems like nothing can stop him.




 
       

Critiques/Reviews