Nouvelles
2001

Jean-Marc Foussat

   
 


 
REVUE & CORRIGÉE - n° 41 - Septembre 1999

Jean-Marc Foussat - "Nouvelles"
CD-R (pot-fou@world-net.fr)

Jacques Debout

 




C'est par la langue de Primo Levi tirée de la bouche del signore Pastorelli que commencent les 65'56" de ces Nouvelles, en disque compactées à la demande par Jean-Marc FOUSSAT ; elles s'adressent à "Vous qui vivez en toute quiétude bien au chaud dans vos maisons..." quoique le disque soit dédié à Marie et à Robert Wyatt, cet autre mélodiste faiseur de chansons tristes (*) évoqué en deux brèves citations d'un Gloria Gloom extirpé du Petit Disque Rouge de Matching Mole - façon pour l'auteur de ces Nouvelles de s'ancrer dans une Histoire pleinement choisie ; encore qu'avant même de fondre sous la chaleur de la langue piémontaise il faille en passer par le rouge sang de ces Nouvelles lavé par les remous sales d'une rivière que perce un cordage où s'effilochent des linges happés par un méchant courant, rude filin tendant sa mince ombre noire sur l'onde tourbillonnante : voilà où s'arriment ces Nouvelles que donne Jean-Marc FOUSSAT aux immobiles voyageurs du numérique les écoutant "le soir en rentrant" ; c'est que le son, capté, découpé, travaillé sans fin, reste l'instrument privilégié de cet homme discret posant son chapeau noir derrière les machines à bruire de Marteau Rouge (sonique pochette-surprise qu'il remplit à loisir aidé de Jean-François Pauvros et Makoto Sato) auxquelles il rajoute ici voix, piano, trompe de Solex, cordes, tabouret à vis, dédicaces, courants d'air, téléviseur et magnétoscope, collés ou pas à la guitare de Jean-François Pauvros, la trompette de Jac Berrocal, la voix de Roger Turner, l'accordéon de Claude Parle, la basse et les percussions d'ex du groupe Mandragore, psychédélique underground météorite seventies (presque) sans lendemains mais où naquit Jean-Marc FOUSSAT aux phénomènes sonores.
Avant ou après le turinois reprenant le compte à rebours qu'égrena Primo Levi à l'ouverture de Se questo è un uomo / Si c'est un homme, viennent en leur temps langue arabe, anglaise, grecque, allemande, latin classique, chiffres et lettres mettant en équation les matières sonores de ces Nouvelles, et que "vous qui (les) trouvez le soir en rentrant la table mise (...) non, ne l(es) oubliez pas : Gravez ces mots dans votre cœur. Pensez-y chez vous, dans la rue, en vous couchant, en vous levant ; répétez-les à vos enfants. Ou que votre maison s'écroule, que la maladie vous accable, que vos enfants se détournent de vous." Menace éminemment politique, impeccablement rédigée par celui qui avait choisi de narrer l'irracontable, l'indicible des camps d'extermination nés en milieu de ce siècle, reprise ici sostenuto par Jean-Marc POUSSAT qui désigne mieux ainsi qu'avec n'importe quoi d'autre le camp de ses choix sonores.
Disponible à l'électronique sybilline adresse ci-dessus.
(*) Serge Gainsbourg, "L'Aquaboniste"




 
       

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